La pince de la cigogne et le baiser de l’ange.
En cette année du rat, deux êtres déposèrent
Bien que pour nous leur don ne soit qu’imaginaire,
Deux loupiots arborant les traces d’un voyage.
Qui donc sont les auteurs de ce fourbe montage ?
Pourrions-nous rêver quand d’autres avilissent ?
Et qu’un brin de fantaisie, aux mœurs novatrices
Déliant les langues de vieilles cancanières,
Nous montre la candeur des aubes légendaires.
Un oiseau migrateur sur de fières gambettes,
Venu, de quelque part, un havre de poètes,
Vint livrer à la Terre, son paquet quotidien
Un nouveau-né, Zéphyr, le corps en ballotin.
De la forge des chairs à la maternité,
Les ordres étaient tels : « une simple pincée
A la nuque, portée, pour tenir le bambin,
Pour ne point abimer ses petons ou ses mains ».
Zéphyr faisait son poids. « Il a bouffé du plomb ? »,
Criait Dame échassier, Ciconia de son nom.
Malgré la charité donner à sa besogne,
Elle y laissera la pince de la cigogne.
A l’usine, attendait, un dernier nourrisson,
Mais toujours nul retour d’ailes à l’horizon,
Il fallait cependant, l’arrivée étant proche,
Trouver un remplaçant pour porter la sacoche.
On fit appel à l’ange, Ego le chérubin,
Le priant de mener l’enfant à son destin,
Le flattant d’être emblème de délicatesse,
Le menaçant du pire en cas de maladresse.
Il posa vitement, Alizée à bon port.
Emu et fier de voir que la petite dort,
Mais il ne pu s’empêcher de la baisoter
Vivement, entre ses deux paupières fermées.
Ses lèvres furent feu, on l’avait prévenu
De ne point savourer les actes défendus,
Il tenta de cacher son erreur sous les langes,
Il venait de la marquer du baiser de l’ange.
Alyzée et Zéphyr demandèrent aux parents,
D’où venait la trace, qui les rend différents.
Mais jamais ils ne surent, que venaient du ciel,
Ces angiomes déclarés comme « naturels ».
Extrait de "Marelle" © Mayer Jérémy 2008